04 Nov
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À l’ère numérique, l’omniprésence des réseaux sociaux a redéfini notre manière de communiquer, d’apprendre et même de nous percevoir. Derrière ces interfaces colorées et interactives, des mécanismes psychologiques profonds se jouent, modifiant nos schémas cognitifs de manière subtile mais significative. Cet article explore comment l'utilisation constante des réseaux sociaux influence nos pensées, nos croyances et nos comportements.

Qu'est-ce qu'un schéma cognitif ?

Les schémas cognitifs sont des structures mentales qui organisent et interprètent les informations que nous recevons. Ils influencent la façon dont nous percevons le monde, comprenons nos expériences et réagissons aux événements. Ces schémas peuvent être adaptatifs, mais aussi donner naissance à des distorsions cognitives lorsqu'ils sont rigides ou négatifs, entraînant des pensées biaisées et des comportements inadaptés.

Les réseaux sociaux : un terreau fertile pour les distorsions cognitives

Les réseaux sociaux, par leur nature, amplifient certains processus cognitifs. Voici quelques-uns des schémas et distorsions courants qui y prennent racine :

  • La comparaison sociale : Les plateformes comme Instagram et Facebook nous exposent continuellement aux moments de vie soigneusement sélectionnés des autres. Cette exposition favorise la comparaison sociale ascendante (se comparer à des personnes que l'on perçoit comme supérieures), ce qui peut renforcer des schémas de pensée tels que "je ne suis pas assez bien" ou "je n’ai pas de valeur".
  • Le biais de confirmation : Les algorithmes des réseaux sociaux adaptent le contenu que nous voyons en fonction de nos interactions précédentes. Cela favorise le biais de confirmation, où nous sommes plus enclins à lire et à partager des informations qui renforcent nos croyances préexistantes, contribuant à des schémas cognitifs rigides et parfois polarisants.
  • La pensée dichotomique (noir et blanc) : L'environnement numérique favorise les opinions tranchées et les jugements simplistes. Les "likes" et les "dislikes" encouragent des réponses binaires, laissant peu de place à la nuance et exacerbant une vision manichéenne du monde.

Les mécanismes de la pensée automatique induite par la culture numérique

Les pensées automatiques sont des réflexions rapides et souvent involontaires qui surgissent en réponse à une situation. Sur les réseaux sociaux, ces pensées peuvent être influencées par divers facteurs :

  • Notifications et récompenses instantanées : Le système de gratification instantanée des réseaux sociaux (likes, partages, commentaires) renforce des schémas de pensée liés à la validation externe. L’utilisateur peut développer une dépendance psychologique à l'approbation numérique, entraînant des pensées automatiques comme "je ne vaux rien si je ne reçois pas de validation".
  • La peur de manquer quelque chose (FOMO) : Les flux continus d'informations créent un sentiment d’urgence à rester connecté. Ce phénomène alimente des schémas de pensée anxieux : "Si je ne vois pas cela maintenant, je vais manquer une opportunité importante".

Les conséquences psychologiques à long terme

Des études montrent que l’exposition prolongée à ces schémas peut avoir des impacts variés :

  • Augmentation de l’anxiété et de la dépression : La comparaison sociale et la validation numérique jouent un rôle dans l'aggravation des symptômes anxieux et dépressifs, surtout chez les jeunes.
  • Renforcement de la pensée catastrophique : Les nouvelles virales et les débats en ligne peuvent amplifier la tendance à envisager le pire, contribuant à des schémas cognitifs exagérément négatifs.
  • Altération de l’estime de soi : Une exposition constante aux images filtrées et idéalisées des autres favorise une perception biaisée de soi, souvent marquée par une insatisfaction chronique.

Utiliser la TCC pour modérer l'influence des réseaux sociaux

La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) offre des outils pour identifier et ajuster ces schémas cognitifs. Voici quelques stratégies :

  • Reconnaissance et déconstruction des pensées automatiques : Prendre conscience des pensées qui émergent après avoir utilisé les réseaux sociaux et questionner leur validité. Par exemple, remplacer "Je ne suis pas assez intéressant" par "Les gens montrent ce qu'ils veulent bien montrer ; cela ne reflète pas la réalité".
  • Limiter le temps d'écran : Utiliser des applications de gestion de temps pour réduire l’impact des réseaux sociaux sur l'humeur et les pensées.
  • Pratiquer la pleine conscience : Apprendre à utiliser les réseaux sociaux en restant conscient des émotions et pensées qu’ils provoquent peut aider à briser le cycle des réponses automatiques.

Conclusion

Les réseaux sociaux, tout en offrant des moyens puissants de rester connecté et informé, modifient la façon dont nous percevons le monde et nous-mêmes. Comprendre comment ils influencent nos schémas cognitifs est essentiel pour adopter un usage plus conscient et équilibré. La TCC offre des outils pratiques pour gérer cette influence et cultiver des schémas cognitifs plus sains et résilients.

Prendre du recul et questionner nos pensées peut nous permettre de naviguer dans le monde numérique avec plus de clarté et de sérénité.


Sources :

  • AlloMonPsy. (2023). Santé mentale et réseaux sociaux : quel est l'effet sur les jeunes ? AlloMonPsy. https://www.allomonpsy.com/
  • Alutaybi, A., Al-Thani, D., McAlaney, J., & Ali, R. (2020). Combating fear of missing out (FoMO) on social media: The FoMO-R method. International Journal of Environmental Research and Public Health, 17(17), 6128. https://www.mdpi.com/1660-4601/17/17/6128
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  • Internet Matters. (2023). Impact des médias sociaux sur la santé mentale des jeunes. Internet Matters. https://www.internetmatters.org/
  • Meshi, D., & Ellithorpe, M. E. (2021). Problematic social media use and social support received in real-life versus on social media: Associations with depression, anxiety and social isolation. Addictive Behaviors, 119, 106949. https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0306460321001349
  • Rachubińska, K., Cybulska, A. M., & Grochans, E. (2021). The relationship between loneliness, depression, internet and social media addiction among young Polish women. European Review for Medical & Pharmacological Sciences, 25(4). https://www.researchgate.net/profile/Kamila-Rachubinska/publication/349825491_The_relationship_between_loneliness_depression_internet_and_social_media_addiction_among_young_Polish_women/links/605c93cd458515e8346df352/The-relationship-between-loneliness-depression-internet-and-social-media-addiction-among-young-Polish-women.pdf
  • Statista. Number of social media users worldwide from 2017 to 2027(in billions). Recuperado el 26/02/2024 de: Number of worldwide social network users 2027 | Statista
  • Statistique Canada. (2023). L’utilisation des médias numériques en ligne et la santé mentale des adolescents. Rapports sur la santé, 34(2). https://doi.org/10.25318/82-003-x202300200002-fra
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